Les gares
Les gares sont assez différentes de part et d’autre de la frontière, en raison des modalités de construction bien différentes des deux lignes.
En France, la ligne a été construite par une compagnie d’envergure nationale, avec un financement public. Les gares étaient à l’origine assez grandes, avec des bâtiments reprenant le style en vigueur sur le réseau PLM. Actuellement, la plupart des bâtiments voyageurs sont dans leur état d’origine, même s’ils sont le plus souvent fermés au public. Le rez-de-chaussée est donc désaffecté, tandis que le premier étage accueille un logement affecté au personnel SNCF. Les bâtiments sont en assez bon état : la plupart ont été repeints au début des années 1990. Les autres ont été vendus, et ont été rénovés et sont entretenus par leurs nouveaux propriétaires. Les voies de service, largement réduites dans les années 1950, sont très peu utilisées.
En Suisse, la ligne a été construite par une compagnie régionale sur fonds privés. Les gares ont donc été dès le départ limitées au strict nécessaire, avec des bâtiments conçus dans le style local. Ici aussi, les bâtiments voyageurs sont souvent fermés au public, mais on dénombre moins de voies de service inutilisées.
Saint-Gervais-les-Bains-le-Fayet (origine de la ligne française)
Plus communément dénommée « le Fayet » ou « Saint-Gervais », cette gare assure la jonction entre la voie métrique et la ligne à voie normale issue de la Roche-sur-Foron, via Bonneville, Cluses et Sallanches. Cette dernière mesure 46,913 km. À la Roche-sur-Foron, elle rejoint la ligne Aix-les-Bains - Annemasse.
Il s’agit de la plus grande gare de toute la ligne, siège administratif et technique de l’Établissement Mont Blanc, qui gère la ligne française. Le Fayet abrite l’unique dépôt de matériel de la ligne, grâce à un important faisceau à voie métrique. La gare comporte également des ateliers, ainsi que le centre de commandement qui gère la marche des trains (voir le chapitre consacré au dépôt du Fayet).
Le Fayet dispose également d’un nombre important de voies de service à écartement normal. Elles datent d’une époque où cette gare faisait l’objet d’un trafic important. Désormais, elles sont largement inutilisées. Sur la photo ci-dessous, on voit que les voies normales franchissent le Bon-Nant, de même que la voie métrique. Après le pont du Bon-Nant se trouve un faisceau de longues voies de service.
Le bâtiment voyageurs a été modifié plusieurs fois. Une modification importante a été réalisée en 1990-1991, qui impliquait la destruction puis la reconstruction des deux ailes latérales du bâtiment, afin d’obtenir un ensemble plus fonctionnel. La gare dispose à quai de quatre voies normales, ainsi que de deux voies métriques.
Sur le côté opposé de la place de la gare se trouve le terminus du chemin de fer à crémaillère appelé Tramway du Mont-Blanc (TMB) qui monte au col de Voza et au Nid d’Aigle, dans le secteur de l’Aiguille du Goûter. Cette voie ferrée est utilisée par la majorité des personnes qui gravissent le Mont-Blanc.
Chamonix (PK 19,029 à partir du Fayet)
La gare de Chamonix est située en plein cœur de Chamonix, à proximité du départ du train du Montenvers et du téléphérique de l’Aiguille du Midi. Une passerelle, visible sur la photo, enjambe toutes les voies SNCF afin de rejoindre directement les quais du chemin de fer à crémaillère du Montenvers.
Par le passé, il existait un raccordement entre les voies SNCF et celles du chemin de fer du Montenvers. Il permettait l’acheminement via la ligne SNCF du charbon nécessaire aux locomotives à vapeur du Montenvers. Ce raccordement a disparu lors de l’électrification du Montenvers.
En sortant de la gare, le voyageur se trouve au bout de l’avenue Michel Croz, l’une des principales rues commerçantes de Chamonix. En la suivant il parvient à la place de l’église, où se trouve la mythique maison de la montagne et son bureau des guides.
La gare de Chamonix dispose de trois voies ouvertes au service voyageurs, ainsi que d’une voie de service, et d’une remise équipée de trois voies.
Le schéma suivant montre la configuration actuelle de la gare de Chamonix :
La gare était aussi équipée d’une halle à marchandises en bois à trois voies. Celle-ci est passée à deux voies suite à la rénovation des années 1950, puis a été détruite.
Les voies de services, nombreuses au départ, ont été réduites graduellement. Ainsi, deux voies de garage situées dans la partie ouest servaient encore au garage d’une voiture du Martigny-Châtelard, intégrée dans certaines compositions de Z 600 au début des années 1990, ont été déposées au début des années 2000.
Le bâtiment voyageurs est de grande taille, mais actuellement seule une moitié est en activité. Un projet de rénovation et de mise en valeur est envisagé pour 2012. Il prévoit notamment de faire de la gare un vériable pôle multimodal, c’est-à-dire de simplifier les correspondances vers les autocars et les taxis.
Vallorcine (PK 34,115 à partir du Fayet)
Vallorcine dispose d’un grand bâtiment voyageurs, muni d’un guichet encore ouvert au public. En outre, un bar-restaurant y était implanté jusqu’en 2021. Par le passé, les douanes française avaient également leurs bureaux dans ce bâtiment.
Au milieu des années 2000, une télécabine a été construite à proximité de la gare de Vallorcine. Elle permet de rejoindre le domaine skiable de Charamillon-Balme, sur la montagne des Posettes. Elle est également en service en été et donne accès à des promenades et randonnées.
La gare de Vallorcine est équipé de quelques voies de garage, ainsi que d’une remise à deux voies équipée d’une plaque tournante.
Un petit bâtiment attenant au bâtiment voyageurs a récemment été rénové. Muni de deux chambres, il permet aux cheminots de passer la nuit sur place avant de prendre leur service au petit matin.
C’était au départ à Vallorcine que s’effectuaient les correspondances entre les trains français et suisses, ce qui lui a valu la mention pompeuse de « gare internationale ». Les trains PLM puis SNCF arrivaient donc par une voie spéciale le Fayet (barrée par une passerelle munie d’un carré d’arrêt), et les trains du MC par une voie spéciale Martigny. À la fin des années 1990, les deux voies ont été banalisées en raison du déplacement des correspondances à la gare du Châtelard. Depuis l’horaire d’hiver 2007-2008, les correspondances ont systématiquement lieu à Vallorcine, le tronçon Vallorcine-Le Châtelard étant désormais exploité exclusivement par le MC, mais la nouvelle organisation des voies a été conservée.
Le Châtelard-Frontière (PK 36,906 à partir du Fayet ; PK 18,363 à partir de Martigny)
La jonction des deux lignes a lieu à la gare de Châtelard-Frontière, située peu après Vallorcine, juste après l’entrée en territoire suisse. Elle dispose de quelques voies de service et d’une remise, mais ses installations voyageurs sont assez réduites. Le bâtiment voyageurs accueille actuellement le bureau de poste.
Martigny (origine de la ligne suisse)
La gare de Martigny est l’origine de la ligne suisse, mais la société TMR, qui exploite le Martigny-Châtelard et le Martigny-Orsières y dispose de très peu d’installations. En effet, Martigny est une gare gérée par les CFF (chemins de fer fédéraux), sur la ligne du Simplon. Les CFF assurent tous les services en gare, contre rémunération de TMR.
Les installations du Martigny-Châtelard se résument à deux voies voyageurs de part et d’autre d’un quai muni d’un abri, ainsi que deux voies pour les marchandises actuellement peu utilisées.
Le siège social de TMR se situe à Martigny, mais pas à la gare. En revanche le centre opérationnel de la ligne Martigny-Châtelard se situe à Vernayaz, un peu en aval de Martigny dans la vallée du Rhône, à l’endroit où la ligne quitte la vallée pour s’engager dans une pente de 20 %. Lire le chapitre consacré au dépôt de Vernayaz.
De plus, la gare de Martigny comprend une remise à deux voies de l’association qui préserve le matériel historique. D’abord appellée Association du Train Historique de la Vallée du Trient, l’association construit la remise en 1996-1997. Renommée depuis 2002 Train Nostalgique du Trient (TNT), elle dispose depuis 2004 du droit d’accès aux voies du tronçon Martigny-Vernayaz. Elle organise donc régulièrement des trains historiques.
▸ Références bibliographiques
- Les trains du Mont-Blanc, volume 1, le Chemin de fer de Saint-Gervais-le Fayet à Chamonix et à la Frontière Suisse
- Les Z 850 au pied du Mont-Blanc