Un train au pied du Mont-Blanc
Histoire et technique du Mont-Blanc Express

La signalisation lumineuse

Histoire et structure du système de signalisation

Le cantonnement en Suisse et en France est assuré par un système de block automatique avec signaux lumineux. Il ne s’agit pas du block automatique lumineux (BAL) de SNCF Réseau : dans les deux pays, on utilise un block d’origine MZ (voir ci-dessous) et des signaux suisses de « type L », la réglementation suisse ayant été quelque peu adaptée côté français.

Le block automatique permet une circulation automatique des trains, les automatismes (enclenchements) garantissant eux-mêmes la sécurité du trafic. Ce système a été mis en place sur le Martigny-Châtelard entre 1973 et 1978 lors de la construction du barrage d’Émosson. À cette occasion, la ligne a en effet été mobilisée pour l’acheminement des matériaux du chantier, ce qui a provoqué momentanément une hausse très importante du trafic.

Le block de ligne des deux côtés de la frontière est fourni par Mauerhofer & Zuber (MZ), une société rachetée récemment par Kummler+Matter, en abrégé Kuma, qui fait partie du groupe Alpiq. La transmission des données se fait sur fibre optique ; des compteurs d’essieux déterminent automatiquement l’occupation des voies. En Suisse, le block a été renouvelé en 2008 par ce matériel MZ (mise en service le 17 septembre 2008). En France, le block de ligne MZ a remplacé l’ancien système ECLAIR, qui était unique à la ligne. Déployée à partir de 2013, la nouvelle signalisation est entrée en service le 24 juin 2017.

Les deux côtés de la ligne disposent chacun d’une télécommande informatisée qui permet au chef-circulation de superviser et de télécommander depuis ses écrans l’ensemble des installations de la ligne. En Suisse, la télécommande est de type ILTIS (Integrales Leit- und Informations-System für die Bahn) de Siemens AG. Elle est installée au Centre de gestion du trafic (CGT) situé à Vernayaz. En France, la télécommande de type SCTF05-B, fournie par Kuma, se situe au Poste de commande à distance (PCD) de Saint-Gervais-les-Bains-Le-Fayet.

La poste de contrôle ILTIS situé à Vernayaz permet de commander l’ensemble des installations de la ligne suisse.
La poste de contrôle ILTIS situé à Vernayaz permet de commander l’ensemble des installations de la ligne suisse. Auteur : Garsfield.

Principes de la signalisation lumineuse

La plupart des gares constituent un canton, ainsi que l’intervalle compris entre deux gares. Les grands intergares peuvent être subdivisés en plusieurs cantons(bloc intermédiaire). Cela permet à plusieurs trains de même sens de se suivre même entre les évitements.

Aux limites de cantons sont placés des signaux principaux qui indiquent si un train peut s’engager dans le canton, et précisent éventuellement une limite de vitesse. Ils sont de forme rectangulare. Si nécessaire (visibilité réduite, vitesse importante), un signal principal peut être précédé d’un signal avancé de forme carrée. Un signal avancé ne donne aucun ordre ; il ne fait que renseigner le conducteur de l’état du signal principal correspondant.

Signal d’entrée en gare d’Argentière, direction Saint-Gervais.
Signal d’entrée en gare d’Argentière, direction Saint-Gervais.
Signal avancé à Vernayaz.
Signal avancé à Vernayaz.

Dans la réglementation suisse, la configuration des lampes allumées sur un signal est appelé « image ». Tous les signaux principaux de la ligne peuvent au moins présenter l’image de voie libre (vert) et l’image d’arrêt (rouge). La taille de ces signaux peut varier en fonction des images qui doivent pouvoir être présentées. Le tableau ci-dessous résume les images possibles pour les signaux principaux et les signaux avancés.

OrdreSignal principal
(version à quatre lampes)
Signal avancé
Voie libre Signal l_4im1 Signal l_a_im1
Image 1Image 1*
Exécution de vitesse :
vitesse réduite à 25 km/h jusqu’à la sortie de la gare
Signal l_4im2 Signal l_a_im2
Image 2Image 2*
Itinéraire court :
marche à vue, vitesse réduite à 20 km/h jusqu’à la sortie de la gare
Signal l_4im6 Signal l_a_im2
Image 6Image 2*
(il n’y a pas d’image « 6* »)
Arrêt Signal l_4ima Signal l_a_ima
Image HImage W

On rencontre des signaux dans trois situations : à la limite entre deux blocs intermédiaires, en entrée de gare, en sortie de gare. Chacune de ces situations est décrite en détails ci-dessous.

Signal de bloc intermédiaire

Le signal de bloc intermédiaire est le plus simple : il ne présente que les images de voie libre et d’arrêt. Son rôle est d’espacer correctement des trains de même sens entre deux évitements. Les signaux ne comportent donc que deux feux :

Signal l_2im1 Signal l_2ima

Signal d’entrée de gare

Le signal d’entrée en gare est implanté en amont de la gare, de sorte qu’il puisse protéger les manœuvres en gare, et qu’un train qui ne respecterait pas un ordre d’arrêt ait le temps d’être arrêté automatiquement avant d’arriver en gare. Le signal d’entrée peut présenter quatre images :

Le signal d’entrée peut être complété par un signal indicateur de voie (SIV) qui affiche en clair le numéro de voie sur lequel le train sera reçu. Par exemple, les signaux d’entrée de Chamonix sont équipés de SIV.

Certaines gares en France ne disposent pas de signal d’entrée. Elles sont alors signalées par un panneau « S » : le conducteur doit alors être en mesure de s’arrêter avant l’aiguille d’entrée si elle n’est pas verrouillée (voir signaux d’aiguille ci-dessous).

Signal f_s

Signal de sortie de gare

Dans les stations avec évitement, chaque voie peut être parcourue dans chaque sens. En sortie, dans les petites gares il n’y a cependant qu’un seul signal, qui s’adresse donc à au moins deux voies : il est qualifié de signal de groupe. Si ce signal présente l’image arrêt, l’ordre d’arrêt s’applique à toutes les voies. Pour donner l’autorisation de départ, on utilise le fait que les images permissives ont toutes un numéro (voir tableau ci-dessus) pour ne s’adresser qu’à une voie en particulier. Chaque voie reçoit un numéro, 1 ou 2. Le numéro de l’image présentée donne l’assentiment pour circuler au train situé sur la voie correspondante.

On trouve au bord de chaque voie un indicateur de point d’arrêt (panneau de type « triangle orange pointe en bas » ou « carotte ») combiné avec un indicateur d’image de voie libre (panneau portant le numéro de l’image donnant l’autorisation de départ pour la voie en question).

Le signal de groupe présente l’image 1, qui vaut autorisation de circuler pour le train à quai voie 1. La voie 1 est toujours la voie directe au niveau de l’aiguillage, ce que confirme l’indicateur de position (tout à droite, sous le panneau 70).
Le signal de groupe présente l’image 1, qui vaut autorisation de circuler pour le train à quai voie 1. La voie 1 est toujours la voie directe au niveau de l’aiguillage, ce que confirme l’indicateur de position (tout à droite, sous le panneau 70).

En pratique, la voie 1 (autorisée par l’image 1) est située sur la direction directe. La voie 2 (autorisée par l’image 2) est située sur la direction déviée.

Par exemple, ci-dessous le train situé sur la voie du bas (numéro 1) peut démarrer, car le signal présente l’image 1 :

Schéma

Ici, c’est le train du haut (voie numéro 2) qui peut démarrer car le signal présente l’image 2 :

Schéma

Dans les gares avec de multiples voies, on n’utilise pas de signal de groupe. Il y a un signal de sortie par voie : c’est le cas à Saint-Gervais-Le-Fayet, à Chamonix, à Vallorcine et à Châtelard-Frontière.

Signaux de manœuvre

On appelle manœuvre les mouvements des véhicules en gare et à proximité, par exemple pour former une rame ou pour accéder à une voie de service. Les mouvements de manœuvre peuvent avoir besoin d’avancer en pleine voie pour effectuer un rebroussement au-delà d’une aiguille. Pour cette raison, la manœuvre n’est possible que lorsqu’aucun itinéraire n’est établi dans la section de ligne qui suit la gare.

Signal d’évacuation (autorisation ou interdiction de la manœuvre)

Dans les gares où des manœuvres sont susceptibles d’avoir lieu, un signal de manœuvre dit « d’évacuation » est situé sous le signal de sortie de la gare. Ce signal s’adresse uniquement aux mouvements de manœuvre ; il n’a aucune signification pour les trains.

Signal manoeuvre_interdite Pour interdire la manœuvre, le signal d’évacuation présente juste une croix de Saint-André (sérigraphiée à demeure sur le signal). Les mouvements de manœuvre ne peuvent pas sortir de leur voie en gare. Les mouvements de manœuvre éventuellement en cours doivent évacuer au plus vite la zone protégée par ce signal.
Signal manoeuvre_autorisee Un trait vertical s’allume sur le signal d’évacuation pour donner l’autorisation de manœuvre au-delà du signal de sortie. Cela signifie qu’aucun itinéraire de train n’est établi dans le canton correspondant qui est alors réservé à la manœuvre.

Signal d’arrêt ou d’assentiment de manœuvre

Le signal d’arrêt de manœuvre marque un point que les mouvements de manœuvre ne peuvent pas franchir. Dans sa forme la plus simple, il s’agit d’un panneau fixe qui présente un symbole « plus ». Un tel signal fixe est souvent implanté à petite distance d’une gare pour marquer la limite de manœuvre des engins moteurs lorsqu’ils effectuent un rebroussement au-delà de l’aiguille de sortie. Ce signal joue alors un rôle analogue au signal limite de manœuvre (LM) de la SNCF.

Il existe aussi une version lumineuse de ce signal, qui peut superposer une barre diagonale lumineuse sur le symbole « plus » : lorsque cette barre est allumée, le signal est franchissable par les mouvements de manœuvre.

Signal manoeuvre_arret Arrêt de manœuvre : les mouvements de manœuvre ne peuvent franchir ce signal.
Signal manoeuvre_assentiment Assentiment de manœuvre : les mouvements de manœuvre peuvent franchir ce signal.

Autres signaux lumineux

Indicateur de position d’aiguille

Un indicateur lumineux (à LED) de position d’aiguille se trouve à côté de chaque aiguillage enclenché. Si son affichage est stable, cela signifie que l’aiguille est verrouillée, et donc franchissable. Dans le cas contraire (clignotement, absence ou superposition d’affichage) le conducteur doit arrêter son train avain l’aiguille. De petites différences existent entre la Suisse, où il y a un seul type de signal d’aiguille, et la France qui dispose de plusieurs types.

En Suisse, les signaux d’aiguille sont de couleur ambre ou blanche (pour les plus récents). Ils peuvent afficher une barre verticale (position directe) ou un chevron dans le sens de la position déviée.

En France, les signaux d’aiguilles présentent toujours un chevron, soit vers la gauche, soit vers la droite. Il n’y a pas de concept de « position directe ». Il existe en revanche trois couleurs qui ont des significations différentes :

Indicateur de position d’aiguille au Châtelard-Frontière.
Indicateur de position d’aiguille au Châtelard-Frontière.

Arrêt demandé à l’arrêt facultatif (Suisse)

En Suisse, les usagers peuvent demander l’arrêt aux arrêts facultatifs en appuyant sur un bouton. Deux feux clignotants situés à distance de freinage de l’arrêt facultatif signalent au conducteur du train suivant que l’arrêt a été demandé.

Signal arret_demande
Bouton de demande d’arrêt à la Médettaz.
Bouton de demande d’arrêt à la Médettaz.
Signal d’arrêt demandé à la Médettaz.
Signal d’arrêt demandé à la Médettaz.
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