Un train au pied du Mont-Blanc
Histoire et technique du Mont-Blanc Express

Projets et genèse de la liaison Saint-Gervais - Martigny

En France

À la fin des années 1870, seules les grandes agglomérations sont desservies par le chemin de fer. Dans l’objectif d’établir un premier service public des transports, il est décidé en France de relier au réseau ferré toutes les sous-préfectures, et si possible les chefs-lieux de canton. Ceci se concrétise par le plan Freycinet, du nom du ministre des transports publics de l’époque. La loi est promulguée en 1879.

Entre autres, ce plan prévoit la construction d’une ligne La Roche-sur-Foron, Bonneville, Cluses, Sallanches, Chamonix. Il est prévu de la concéder au PLM (compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée).

Le PLM reçoit d’abord la concession de la ligne La Roche-sur-Foron - Cluses, qui ouvre en 1890. En 1886, la compagnie reçoit la concession à titre éventuel pour la section Cluses - Chamonix. Cependant, le premier projet envisagé prévoit des travaux gigantesques, et notamment un percement de la montagne du Prarion. Au final, la concession n’est dans un premier temps accordée que jusqu’au Fayet (en 1890).

Le PLM étudie donc une autre solution, moins coûteuse que l’ambitieux tunnel envisagé d’abord. Son choix se porte sur un tracé suivant l’Arve, et donc contournant la montagne du Prarion. En revanche, la voie devra remonter une gorge escarpée et pentue, ce qui nécessite des solutions techniques adaptées qui seront détaillées dans un chapitre ultérieur.

Finalement, la concession de la ligne Saint-Gervais-le-Fayet - Vallorcine est octroyée au PLM par le ministère des travaux publics le 3 juillet 1893.

Le viaduc Sainte-Marie permet de franchir la vallée de l’Arve un peu en aval des Houches.
Le viaduc Sainte-Marie permet de franchir la vallée de l’Arve un peu en aval des Houches. Carte postale ancienne.

En Suisse

Martigny voit arriver la ligne de chemin de fer venant du lac Léman (et qui deviendra la ligne du Simplon) en 1859. La ligne se poursuit sur Sion (en 1860) puis Brigue. Dans les années 1880, Martigny est engagée dans des discussions qui portent sur une liaison avec l’Italie (via le Simplon ou le Grand-Saint-Bernard) d’une part, et Chamonix en France d’autre part.

Martigny vue de la Bâtiaz, vers 1900.
Martigny vue de la Bâtiaz, vers 1900. ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv.

À partir de 1890, divers projets de liaison avec Chamonix sont envisagés. Certains proposent de passer par la vallée du Trient : la ligne part de Martigny, puis descend la vallée du Rhône sur environ 4 km jusqu’à Vernayaz, avant de s’engager le long du torrent Trient, soit rive gauche par les villages de Salvan et Finhaut, soit rive droite, mais sans traverser aucun village. D’autres projets suggèrent de prendre la route du col de la Forclaz : Martigny-Croix, Martigny-Combe, puis le col de la Forclaz qui est franchi en tunnel. Tous les projets s’accordent ensuite pour une fin de la ligne au niveau de la frontière du Châtelard.

Les auteurs des projets suisses prennent contact avec le PLM français afin de coordonner les travaux. Ils obtiennent ainsi que le PLM étudie la prolongation de son propre chemin de fer au-delà de Chamonix, vers Argentière et la frontière suisse au Châtelard. Les projets suisses s’alignent dans une certaine mesure sur les choix techniques du PLM.

En 1892, une concession est accordé au projet Ludwig & Schöpfer, via la rive gauche du Trient, complété par un tramway urbain de Martigny-Gare à Martigny-Bourg. Cependant, les concessionnaires ne parviennent pas à réunir les fonds nécessaires à leur projet. Une nouvelle concession est donc attribuée le 20 décembre 1901 au projet Defayes, Strub, Amrein et Gilliéron, déposé en 1899. La Compagnie du Chemin de fer de Martigny au Châtelard - ligne du Valais à Chamonix (désignée par le sigle MC) est constituée par les quatre associés le 10 juin 1902.

Références bibliographiques

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